Environnement
La faune et la flore de Bischoffsheim
Bischoffsheim est une des communes alsaciennes disposant encore d’une faune, d’une flore et de milieux naturels les plus diversifiés de notre région. Chaque milieu naturel accueille des plantes ou des animaux spécifiques et remarquables.
- Le Ried de Bischoffsheim ou Bruch de l’Andlau
- La plaine loessique
- Le Bischenberg, un site exceptionnel très prisé
- La hêtraie-sapinière
Le Ried de Bischoffsheim ou Bruch de l’Andlau
Appelée Bruch de l’Andlau, cette ancienne étendue palustre de 6 000 hectares va du sud de Strasbourg jusqu’à la hauteur de Kogenheim. Son toponyme -de même que celui de « Ried » (roseaux)- désigne, dans la langue populaire, une région marécageuse. Cette vaste zone humide n’a jamais été habitée, seuls les terrains en limite, situés sur les terrasses, sont occupés depuis le néolithique. Au courant du Moyen Age, le Bruch fut défriché et les forêts primaires disparurent pour laisser place à un paysage boccagé. Les zones défrichées donnèrent les « Allmend », c’est à dire des propriétés appartenant à la collectivité.
Les prairies du Ried noir sont issues des défrichements de forêts d’aulne et de frêne. Elles sont principalement caractérisées par leur richesse botanique. Après avoir été longtemps craint pour diverses raisons (terres incultes, paludisme, superstitions, etc.), le Bruch a été muselé : défriché, drainé, labouré, défiguré, notamment après les années 1960. Malgré cela, il suscite toujours la curiosité et l’admiration pour sa richesse floristique et faunistique sur la vingtaine d’hectares relictuels qui présentent la diversité botanique en miniature qu’abritaient les 217 hectares de Ried noir du ban communal de Bischoffsheim. On y trouve notamment plusieurs espèces de plantes protégées en Alsace; l’Euphorbe de Séguier, la Scabieuse des prés, le Séneçon des marais et la rare Orchis des marais. D’autre part, une vingtaine d’espèces végétales menacées y ont été inventoriées ces dernières années. Les oiseaux, comme le Courlis cendré, et les insectes, dont les remarquables Azurée de la Sanguisorbe et le Cuivré des marais, trouvent dans ces prairies leur ultime refuge.
Grâce à la volonté de la commune, des actions de conservation et de renaturation ont déjà débuté sur l’ensemble du Ried. A moyen terme, les 60 hectares de la gravière ainsi que ses alentours, dont près de 20 hectares de prairies remarquables et de zones humides, seront entièrement voués à la protection de la biodiversité et gérés par le Conservatoire des Sites Alsaciens.
La plaine loessique
Le loess, voilà un terme familier pour un grand nombre de personnes, mais que signifie ce mot, d’où vient cette particularité géologique?
Il y a près d’un million d’années et jusque vers -10 000 ans, le climat de l’Alsace était comparable à celui des steppes orientales, c’est à dire froid et sec (entrecoupé par plusieurs glaciations). La plaine était couverte d’une maigre végétation herbacée. Les vents violents en emportaient de fines particules limoneuses qui étaient ensuite piégées par divers obstacles. Ces poussières atteignirent plusieurs mètres d’épaisseur et subsistèrent là où l’érosion n’a pu altérer les dépôts de sédiments éoliens appelés loess. Les terres « à loess » sont parmi les plus fertiles, même nos ancêtres ne s’y sont pas trompés.
En effet, à travers le monde, et particulièrement en Alsace, les territoires recouverts de loess étaient des sites occupés en priorité par les premiers agriculteurs. Au fil du temps, une faune très particulière s’y installa : Crapaud vert, Grand Hamster, etc. Ces espèces menacées, localisées de nos jours uniquement dans notre région, font l’objet d’actions de conservation au niveau local comme au niveau régional.
Le Bischenberg, un site exceptionnel très prisé
Vers -50 millions d’années débute dans notre région l’effondrement du fossé rhénan dû à l’érection du massif alpin. L’affaissement, d’une largeur d'environ trente kilomètres, se faisait sous forme de paliers, les deux parties les plus hautes constituant la Forêt noire et les Vosges. Les premières « marches » au pied des Vosges engendrèrent les collines sous-vosgiennes. Le Bischenberg (ce n’est pas un cas isolé) constitue une particularité dans la formation du fossé qui s’étend de Bâle à Francfort.
En effet, le palier de la colline du Bischenberg n’a pas suivi le mouvement général et homogène de l’effondrement, et resta surélevé par rapport aux gradins voisins. L’érosion et l’apport de loess adoucirent les pentes des cotés Est et Nord/Est, ce qui donna une colline, baptisée Bischenberg par nos ancêtres.
Le substrat de la colline résulte notamment de la sédimentation de particules de calcaire en suspension, lors de l’immersion de notre région vers -150 millions d’années. Il s’agit essentiellement de calcaires oolithiques que l’on peut facilement observer dans la carrière à l’Est du Bischenberg, près du couvent.
Le Bischenberg, colline calcaire de la commune de Bishoffsheim, est devenu un site emblématique dans notre département pour la préservation des vergers et des pelouses sèches.
Au début des années 2000, la commune de Bischoffsheim et ses partenaires - le Conseil Régional d’Alsace, le Conseil Général du Bas-Rhin, Alsace Nature et le Conservatoire des Sites Alsaciens (CSA) - ont mis en place différents outils pour garantir la préservation de ses richesses naturelles remarquables ainsi que le maintien de ses paysages harmonieux. Parmi ces outils, citons la création d’un périmètre de préemption, au titre des Espaces Naturels Sensibles, par lequel le Conseil Général ou la commune (par délégation) peut acheter, en priorité, des parcelles estimées d’intérêt écologique (vergers, prairies, etc.). Ce dispositif, élaboré en collaboration avec la profession viticole, commence à porter ses fruits.
Depuis 2005, une dizaine d’hectares de vergers, de prés et de friches ont été acquis par la commune. Elle est soutenue dans cette action de sauvegarde jusqu’en 2015, par le Conseil Général devenu Conseil Départemental, la Région Alsace (puis Grand Est), l’Etat (DREAL) et l’Agence de l’Eau Rhin Meuse à hauteur de 80%. Le Conseil Départemental du Bas-Rhin achète également directement des terrains, les plus remarquables biologiquement
Tout propriétaire d’une parcelle de verger ou autre, qui le souhaite, peut faire appel à la commune pour assurer la pérennité de son bien et des arbres fruitiers. Les parcelles acquises sont, soit louées, à un coût symbolique et moyennant un cahier des charges, à des particuliers qui veulent entretenir un verger et récolter leurs propres fruits, soit louées au Conservatoire des Sites Alsaciens ou pour les friches laissées en l’état, notamment lorsqu’elles jouxtent la forêt.
Pour perpétuer l’écrin de verdure autour du village et sa tradition fruitière, la commune a complété son dispositif d’acquisition de parcelles par une incitation à la replantation de jeunes arbres fruitiers. Ainsi tout propriétaire d’une parcelle à Bischoffsheim peut être soutenu à hauteur de 50% pour l’achat d’un arbre fruitier (moyenne et haute tige).
Par ailleurs, des particuliers et/ou des institutions ainsi que le Conseil Départemental et la commune louent des terrains au Conservatoire des Sites Alsaciens. Par exemple, sur les 10 hectares qu’il a en gestion sur le site, le CSA gère plus de 6 hectares de vergers et de prairies appartenant au couvent du Bischenberg.
À ce jour, près d’une vingtaine d’hectares font l’objet d’une maîtrise foncière sur le Bischenberg, auxquels il faut rajouter la forêt communale (42 hectares), qui est gérée très extensivement, et diverses parcelles préservées de la commune, telle que la carrière et ses environs.
Pourquoi le Bischenberg justifie-t-il autant d’efforts ?
La colline du Bischenberg, qui fait partie des rares promontoires calcaires –et non gréseux ou granitiques- de la région, abrite une diversité biologique étonnante. Elle résulte d’une mosaïque de milieux (vergers, pelouses sèches, vignes, forêts…) liée à ce type de sol et créée par l’homme au fil des ans, depuis des siècles, en étroite harmonie avec les ressources du terroir. Près d’une douzaine d’espèces d’orchidées s’épanouissent parmi les fleurs du Bischenberg. Espèces les plus prestigieuses et les plus médiatiques, elles sont les ambassadrices des landes calcaires. Mais d’autres fleurs, à l’instar de l’anémone pulsatile, originaire des steppes orientales, n’ont pas à souffrir de la comparaison. La faune n'est pas en reste : la mante religieuse ou la pie-grièche écorcheur, passereau insectivore typique des milieux ouverts, fréquentent les coteaux secs, tandis que la rare chouette chevêche ou le rougequeue à front blanc apprécient les vergers, notamment les vieux arbres à cavités.
Le Bischenberg est ainsi non seulement un véritable réservoir de biodiversité, mais il remplit également un rôle social indéniable. Sa valeur paysagère, reconnue et appréciée par les habitants des villes et villages environnants, attire en effet tous les amoureux de la nature ou des promeneurs en quête de beaux paysages et de quiétude. Les collines sont devenues leurs poumons verts et leur espace de détente. En outre, nombreuses sont les personnes qui récoltent les fruits (cerises, pommes, etc.) issus de ses vergers à hautes-tiges et qui contribuent ainsi à la préservation d’espèces fruitières locales.
Les habitants et les élus de Bischoffsheim et des communes avoisinantes ont très vite compris la nécessité et l’urgence de garantir la mixité paysagère sur cette colline emblématique. Les activités économiques (viticultures, arboriculture, etc.) et les espaces naturels doivent cohabiter. C’est le sens de l’action de la commune et de ses partenaires.
La hêtraie-sapinière
La hêtraie-sapinière occupe les sommets des Vosges moyennes entre 900 et 1 000 mètres. Ce type de forêt est caractérisé par un faible sous-bois et une strate herbacée importants. La commune de Bischoffsheim est propriétaire de plus de 1 200 hectares de forêts dans le massif vosgien sur le territoire de la commune de Boersch. Ces forêts constituent le milieu de prédilection d’une faune variée, adaptée à ces altitudes.
Avant les années cinquante, le Coq de bruyère ou Grand Tétras et la Gélinotte des bois étaient encore régulièrement rencontrés dans le massif du Rossberg ou celui du Treisskopf. La dernière observation du Grand Tétras dans la forêt de Bischoffsheim a été faite en 1991, la population est actuellement éteinte. La Gélinotte des bois est devenue extrêmement rare. Aucun indice de présence de l’espèce n’a été trouvé dans la forêt de Bischoffsheim ces dernières années, peut-être existe t-il encore une petite population relique?
De nos jours, la Chouette de Tengmalm et, peut- être même, la très rare Chouette chevêchette sont les oiseaux emblématiques de nos forêts des Vosges moyennes. Les mammifères ne sont pas en reste. Le Chat sauvage a trouvé refuge dans ces bois. La Martre, le Blaireau ou encore le Renard cotoyent les Cerfs, Chevreuils et autres Sangliers. Le Lynx est de retour dans la forêt de Bischoffsheim. Après quatre siècles d’absence, ce prédateur a bénéficié d’un programme de réintroduction dans les Vosges depuis 1983. Un jeune animal a été recueilli en novembre 1998, près du Rossberg.
La flore très particulière des forêts vosgiennes n’égale pas la richesse des premiers contreforts du massif. Moins riches, mais tout aussi suptils, les quelques joyaux botaniques ne peuvent laisser indifférent le spécialiste ou le néophite. En effet, dans de très rares tourbières se développe l’étrange Drosera. Il s’agit là d’une plante carnivore qui se nourrit d’insectes pour subsister. Le massif vosgien est le royaume des fougères. Quelques espèces fort discrètes et méconnues s’y développent, comme l’Osmonde royale, et différents lycopodes.
Plus d'infos sur le site du canton de rosheim